Selon Adam, la séquence « peut être définie comme
une structure », c’est-à-dire, « un réseau relationnel
hiérarchique », « une entité relativement autonome, dotée d’une
organisation interne qui lui est propre et donc en relation de dépendance/indépendance
avec l’ensemble plus vaste dont elle fait partie » (1992 : 28). Tandis
qu’un texte « est une structure hiérarchiquecomplexe comprenant n séquences-elliptiques ou complètes de même type ou de types différents. » , une suite configurationnellement
orientée d'unités (propositions) séquentiellement liées et progressant vers une
fin.
Dans l’élaboration des textes, « des schémas
séquentiels prototypiques » sont à l’œuvre, partageant avec d’autres
séquences du même nom « un certain nombre de caractéristiques
linguistiques d’ensemble, un air de famille » (Adam 1992 : 28) qui
porte à les identifier comme telles. Aussi tout texte peut être considéré comme
une « structure séquentielle » constituée de plusieurs séquences.
La théorie de séquence a été élaborée par Adam en réaction à la trop grande
généralité des typologies de texte.
Types et genres de
textes
La notion de type de texte fait référence à l’organisation du texte. Elle
relève, comme le souligne Filliettaz, de « la problématique
compositionnelle » (Roulet, Filliettaz et Grobet 2001 : 312). Définir
les types de discours en fonction de leur nature compositionnelle implique que
l’on prend en compte, non pas l’activité à laquelle réfère le discours, mais le
schéma structurel sous-jacent.
La notion de genre renvoie à l’articulation du discours et des pratiques
socio-discursives. C’est de ce fait une problématique qui relève
d’ « activités plus ou moins ritualisées qui ne peuvent se déployer
légitimement et être « réussies » que si elles sont conformes aux
règles qui les constituent » (Maingueneau).
Etant donné le caractère
englobant de ces pratiques, « tout nouveau texte empirique est
nécessairement construit sur le modèle d’un genre » (Bronckart), comme si
le discours entrait dans une espèce de moule, « des sortes de cadres dans
lesquels on glissait un contenu qui en était indépendant »
(Maingueneau : Ibid). Ainsi quand on parle de discours politique,
religieux, publicitaire… on fait référence à des secteurs d’activité sociale, auxquels
s’appliquent de tels discours. Selon Bakhtine les genres de texte sont
« infinis ».
Problème des
typologies de textes
Dans l’état actuel de la recherche, il est difficile de
s’arrêter à une typologie satisfaisante. Cela tient au caractère instable des
formes de textes. En effet, plusieurs textes peuvent avoir des démarches
différentes tout en portant sur le même contenu. Tout comme, s’intéressant à
des thèmes différents, ils peuvent adopter une démarche méthodologique
similaire.
C’est sans doute pour ces raisons que certains rejettent même l’idée
d’une typologie des textes. Pour J. Molino, par exemple : « les
classifications qui distinguent description, récit, exposition, argumentation,
instruction— ne sont pas distinctives … » (in Adam 1992 : 6).
Charolles va à peu près dans le même sens, qui a émis : « la
typologie des textes est un domaine qui m’a toujours paru extrêmement délicat
et je m’y suis peu risqué » (in Adam 1992 : 6). Borel, elle, est
encore plus catégorique : « On ne borne pas un discours comme on
borne un terrain » (in Adam 1992 : 131).
Fort de l’hétérogénéité caractéristique des textes, les
tentatives de typologisation portent aussi sur des critères très hétérogènes.
Petitjean, par exemple, a observé qu’il existe quatre grandes familles de
typologies :
.- les « typologies à base énonciative »,
inspirées des travaux de Benveniste ;
.- les « typologies à base communicative » ou
fonctionnelle, axées sur les fonctions élaborées par Jakobson ;
.- les « typologies situationnelles » ou
institutionnelles, d’inspiration essentiellement sociologique, qui amènent aux
genres de discours ;
.- les « typologies fondées sur les structures
cognitives » mises en jeu (in Coirier, Gaonac’h et Passerault 1996
:40).
Adam pour sa part signale sept situations d’ancrage
donnant lieu à sept bases de typologie :
.- les typologies discursives-situationnelles qui
prennent en compte l’interaction
sociale;
.- les typologies des genres (littéraires ou
sociaux) ;
.- les typologies portant sur les fonctions du langage et
les actes de parole qui prennent en considération la visée illocutoire du
discours;
.- les typologies à base thématique prenant en
compte l’opposition de la fiction et de la non-fiction;
.- les typologies fondées sur des bases énonciatives qui
partent des indices de l’énonciation ;
.- les typologies séquentielles qui abordent
l’hétérogénéité compositionnelle en termes hiérarchiques;
.- les typologies liées à la connexité textuelle et qui
relèvent de la grammaire de texte. (Adam).
Autre problème relatif aux types de textes, c’est qu’ils ne rendent pas
suffisamment compte de l’hétérogénéité textuelle. En effet un texte est
rarement construit selon une structure unique. La théorie de la séquentialité,
en considérant les textes comme des paquets de propositions (les
macro-propositions), elles-mêmes constituées de n propositions, permet
d’observer l’emboitement des unités structurelles élémentaires dans des unités
plus vastes. D’où la possibilité de saisir le texte dans son homogénéité
compositionnelle.
Sequences
textuelles
Dans le cadre de ce cours, nous retenons six types de séquences textuelles :
narrative, descriptive, argumentative, explicative, informative et dialogale.
Séquence dialogale
Objectif : interagir
Structure :ouverture, échanges, clôture
Marques dominantes : indices d’énonciation
Séquence argumentative
Objectif : convaincre
Structure : thèse antithèse synthèse.
Marques dominantes : connecteurs argumentatifs
Séquence narrative
Objectif : raconter une histoire
Structure : état initial, complication, dynamique, dénouement, état final
Marques dominantes : organisateurs spatio-temporels
Séquence descriptive
Objectif : présenter quelque chose ou quelqu’un
Structure : présentation en parties et sous parties
Marques dominantes : organisateurs spatiaux
Séquence explicative
Objectif : faire comprendre un phénomène
Structure : définition, origine, mode de manifestation, conséquences
Marques dominantes : relations de causes à effets
Séquence informative
Objectif : partager des informations
Structure : Pyramide inversée (qui? quoi? quand? où? pourquoi? comment ?)
Marques dominantes : spatio-temporelles
Séquence Objectif Marques Structure Dialogale Interagir Marqueurs d'énonciation Ouverture/Interaction/Clôture Narrative Raconter Marqueurs spatio-temporels EtatInitial/Complication/Dynamique/ Dénouement /Etat final Explicative Faire comprendre Relateurs de cause à effet Définition/cause/Manifestation/conséquence Argumentative Convaincre Connecteurs argumentatifs Thèse/Antithèse/Synthèse Informative Faire savoir Marqueurs spatio-temporels Qui?Quoi?Quand?Où?Pourquoi?Comment? Descriptive Présenter
organisateurs spatiaux Division en parties et sous parties
Séquence | Objectif | Marques | Structure |
Dialogale | Interagir | Marqueurs d'énonciation | Ouverture/Interaction/Clôture |
Narrative | Raconter | Marqueurs spatio-temporels | EtatInitial/Complication/Dynamique/ Dénouement /Etat final |
Explicative | Faire comprendre | Relateurs de cause à effet | Définition/cause/Manifestation/conséquence |
Argumentative | Convaincre | Connecteurs argumentatifs | Thèse/Antithèse/Synthèse |
Informative | Faire savoir | Marqueurs spatio-temporels | Qui?Quoi?Quand?Où?Pourquoi?Comment? |
Descriptive | Présenter | organisateurs spatiaux | Division en parties et sous parties |